Posté dans Réserves par Laurent Lagneau Le 10-03-2016
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Depuis la professionnalisation des armées, tout le monde, ou presque, s’accorde à souligner l’importance de la réserve militaire afin de soutenir les militaires d’active. Des objectifs relativement ambitieux ont même été avancés.
Seulement, jamais ils n’ont pu être atteints, en raison d’un manque de crédits – quand les budgets sont contraints, il faut bien trouver une variable d’ajustement – et surtout des difficultés pour recruter des réservistes, la vie professionnelle n’étant pas toujours compatible avec les obligations d’un Engagement à servir dans la réserve (ESR). Qui plus est, la fin de la conscription et surtout l’apparition de déserts militaires, consécutive à la fermeture de nombreuses bases et casernes, n’ont évidemment rien arrangé.
C’est ce qui explique pourquoi l’on ne compte qu’un peu moins de 28.000 réservistes opérationnels alors que l’objectif était d’en disposer 40.000 (uniquement pour trois armées, la gendarmerie ayant mieux tiré son épingle du jeu).
Aussi, quand, en plus de leur engagement sur des théâtres extérieurs, les forces armées doivent mobiliser 10.000 militaires pour des missions intérieures, comme Sentinelle, le manque de réservistes opérationnels se fait sentir. D’où le plan annoncé par M. Le Drian à l’occasion de la Journée nationale du réserviste et des Assises de la Réserve, ce 10 mars.
Les annonces faites par le ministre ne permettront pas de créer une « garde nationale », comme l’avait évoqué le président Hollande lors de son discours prononcé devant les parlementaires réunis en Congrès au lendemain des attentats du 13 novembre. Cependant, la « nouvelle réserve » que souhaite M. Le Drian, pourrait éventuellement en constituer le « socle ».
« Plus que jamais (…) nous avons besoin des réservistes pour faire face à la menace terroriste inédite, par son ampleur et ses formes, qui pèse sur le territoire national », a plaidé M. Le Drian, pour qui il s’agit en premier lieu d’apporter un « renfort opérationnel » aux forces armées qui « peut être décisif ».
En outre, une réserve opérationnelle importante permettra « aux armées de retrouver des marges de manoeuvre, en apportant des effectifs supplémentaires » et « en faisant bénéficier aux personnels d’active des compétences spécifiques que les réservistes développement dans leur activité civile », a poursuivi M. Le Drian.
Les premiers efforts consentis ont déjà permis d’augmenter les effectifs de réservistes en 2015 (+700), ce qui ne s’était pas vu depuis plusieurs années et d’en déployer en moyenne 450 quotidiennement sur le territoire.
Mais ces chiffres sont encore bien éloignés des objectifs fixés par le président Hollande (40.000 réservistes opérationnels, dont 1.000 seraient susceptibles d’être enployés chaque jour dans le cadre d’une mission de protection du territoire.
D’où le plan annoncé par M. Le Drian pour renforcer cette réserve militaire, afin qu’elle soit plus réactive et cohérente. En premier lieu, l’argent étant le nerf de la guerre, le budget de cette dernière (100 millions en 2016) sera augmenté de 77% d’ici 2018.
Ensuite, l’un des chantiers concernera « le lien avec le territoire ». Selon le ministre, « les réserves constituent ici un levier que nous devons mettre à profit pour renforcer la présence de nos armées auprès de tous nos concitoyens. » D’où la création annoncée, pour « améliorer le maillage territorial », de 4 sections de réserve et d’appui (SRA) pour l’armée de l’Air, de 21 Compagnies ROMEO pour la Marine et de 17 unités élémentaires de réserve (UER) pour l’armée de Terre.
Un second axe du plan est de placer la « jeunesse au coeur des objectifs » du ministère de la Défense, que ce soit à la fois pour les réserves opérationnelles et citoyennes. « Plus que jamais, nous avons donc besoin de jeunes gens convaincus et volontaires au sein de nos armées », a expliqué M. Le Drian.
Troisième point développé par le ministre : la nécessité de « tirer un meilleur profit de l’expertise des réservistes, en complément de celle détenue par les forces d’actives » en faisant émerger une « réserve de spécialistes, opérationnels ou citoyens désireux d’apporter leurs compétences et leur expérience aux armées pour lutter contre les menaces nouvelles », notamment dans le domaine de la cyberdéfense ou ceux de « reconstruction post-conflit » et de « l’action d’influence indirecte-économie. »
Par ailleurs, M. Le Drian a dit souhaiter une « nouvelle gouvernance » pour les réserves, afin de leur faire gagner en visibilité et en cohérence, avec une organisation « lisible et simplifiée ». En outre, les précédures de gestion administrative, d’une effrayante complexité, devront également être « facilitée ».
De plus, il est tout aussi essentiel pour le ministre de valoriser l’engagement des réservistes afin que « leurs mérites ne soient pas laissés sous silence. »
Enfin, toutes ces mesures risquent de se heurter aux employeurs des réservistes… Il n’est pas simple pour une petite entreprise de voir partir l’un de ses cadres en cas de mobilisation de ce dernier.
Aussi, pour M. Le Drian, cette « montée en puissance doit impliquer le plus possible les employeurs et leur esprit de défense » car ils sont « directement concernés par ces périodes de mobilisation. »
« Les employeurs sont en cela une clé essentielle du dispositif. Nous devons les consulter, travailler étroitement avec eux, pour ne pénaliser ni les entreprises ni leurs salariés réservistes », a expliqué le ministre.
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